1855-2005 – Les 150 ans d’histoire de la métairie du Bois-Hanté

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On nous pose souvent la question des origines du Bois-Hanté. Les recherches que nous avons effectuées, principalement dans les archives en ligne de la Vendée, ne nous ont malheureusement pas encore apporté de réponse définitive quant à l’étymologie du Bois-Hanté, mais elles nous ont fourni de nombreux renseignements sur l’histoire des lieux. C’est le résultat de ces recherches que nous partageons dans cet article.

Au commencement était … un bois.

Le Bois-Hanté est situé sur l’ancien territoire d’Ardelay, commune qui a fusionné avec le Petit-Bourg-des-Herbiers et Les Herbiers en 1964. Cette fusion étant récente, c’est donc principalement dans les archives relatives à la commune d’Ardelay qu’il nous a fallu chercher.

Le Bois-Hanté n’est pas mentionné en tant que tel sur les cartes de Cassini. Sur ces toutes premières cartes topographiques, qui furent établies à la fin du 18ème siècle à l’échelle du royaume de France dans son ensemble, on trouve à sa place un bois assez vaste appelé alors le Bois de la Guinebaudière, du nom du lieu-dit situé à sa lisière nord-ouest, devenu depuis le village de la Guimbaudière.

Comme on le devine sur la carte de l’époque, le bois était préalablement rattaché à la forêt du Parc Soubise située au sud-ouest. La forêt du Parc Soubise existe encore de nos jours, et elle s’étendait autrefois au nord-est vers le Bois-Joli et le Boitissandeau.

Du bois de la Guinebaudière au Bois-Hanté.

A défaut d’explication sur son étymologie, nous avons trouvé les plus anciennes traces écrites faisant référence au Bois-Hanté dans le cadastre Napoléonien. Le « plan général du territoire d’Ardelay », finalisé en 1838, divise la commune en 5 sections cadastrales dont la seconde est référencée « section B du Bois-Hanté » et au centre de laquelle figure une partie non nommée de l’ancien bois de la Guinebaudière.

Sur ce plan général, la surface boisée a notablement rétréci par rapport à sa représentation sur la carte de Cassini, ses lisières s’étant significativement éloignées de la Guimbaudière au nord-ouest et de la Galtière au sud. La déforestation, déjà …

Dans ce même cadastre Napoléonien, la propriété des 38 ha de parcelle boisée (parcelle n°8) du Bois-Hanté est attribuée à Zénobie d’Escoubleau de Sourdis, fille cadette de Jacques d’Escoubleau comte de Sourdis et de Marie-Armande des Herbiers de L’Etenduère. Zénobie est à cette époque aussi propriétaire de nombreuses autres parcelles et métairies sur la commune d’Ardelay, dont le bois d’Ardelay.

1855 – Construction de la métairie du Bois-Hanté

Zénobie d’Escoubleau meurt sans descendance au monastère des Gardes le 27 janvier 1848 à l’âge de 59 ans, et c’est son neveu Gaston Jousbert du Landreau qui hérite, entre autres biens, de la parcelle n°8, section B5 du Bois-Hanté.

En 1855, le riche héritier décide donc de faire construire à la lisière sud-est de ce bois une habitation et les bâtiments agricoles nécessaires à l’établissement d’une petite ferme, la métairie du Bois-Hanté. En investisseur avisé, il en fait même construire une seconde sur le même modèle, située à l’entrée sud du bourg d’Ardelay (la parcelle n°11, section D2 dite de l’Etang d’Ardelay, de nos jours au 97, rue Mgr Massé).

Pas besoin de chercher très loin pour trouver les matériaux requis pour la construction des bâtiments, en particulier les pierres … En effet, pendant tout le 19ème siècle, l’abbaye de la Grainetière toute proche a servi de carrière et ses bâtiments ont été malheureusement largement détruits, avec principalement le démontage progressif et méthodique des murs de l’église abbatiale pour en faire notamment des habitations… Comme nombre de constructions alentour, les bâtiments du Bois-Hanté utilisent donc en réemploi de belles pierres taillées issues de cette abbaye. Les plus reconnaissables d’entre elles sont celles utilisées pour la réalisation des deux jambages encadrant la grande porte de la grange, transformée depuis en 2009 en salle de réception.

Les briques, tuiles et tomettes d’argile cuite proviennent quant à elles des diverses tuileries installées au village tout proche de La Jonchère.

Une ferme de taille modeste.

Dans l’ouest de la France, une métairie se distingue d’une borderie principalement par la surface de l’exploitation agricole et du mode de construction de l’habitation. C’est donc une métairie assez modeste que Gaston Jousbert du Landreau fait construire au Bois-Hanté. Outre une surface cultivable d’environ 10 hectares, elle comprend quatre bâtiments de pierre distincts:

  • Une grange avec deux toits attenants: le toit aux boeufs côté couchant et le toit aux vaches côté levant.
  • Un ensemble comprenant, autour d’un « hangar vague » sans portail orienté au levant et aussi appelé « la loge », un cellier, deux toits à volailles, une écurie pouvant héberger deux chevaux, et enfin un toit partagé en deux par une cloison en bois et ouvert au sud par deux portes.
  • Une boulangerie (fournil) avec son four à pain, mitoyenne avec un toit à porcs et sa cour fermée.
  • Et une habitation surmontée d’un grenier à grain.

Cette habitation comporte deux pièces de vie de 6m x 6m chacune, toutes deux équipées d’une cheminée à foyer ouvert pour les chauffer. L’habitation comprend aussi une pièce annexe dans laquelle se trouvent l’escalier pour monter au grenier et, sous l’escalier, une laiterie.

Les premiers habitants

C’est en 1856, l’année suivant sa construction, que la ferme du Bois-Hanté apparaît pour la toute première fois dans les registres du recensement général de la population. Une partie de la nombreuse famille Blanchard, à l’étroit dans la métairie de Landraudière, s’est installée dans cette modeste ferme sous l’autorité du chef de famille Henri Blanchard (76 ans), aveugle nous renseigne le registre, qui y décèdera en Janvier 1858. Il s’y installe avec son fils Jean, l’épouse de celui-ci et leurs 5 enfants, et un domestique et une servante, soit 10 personnes au total.

La descendance d’Henri y restera jusqu’à la première guerre mondiale, les registres d’état civil de la commune mentionnant même au moins une naissance au Bois-Hanté en 1892. Suivront à partir de 1921 Jean Rabillard et sa famille pendant une dizaine d’années, Elie Bulteau (au recensement de 1931) et Eugène Goineau (au recensement de 1936) avec leurs familles respectives.

L’installation de la famille Barbarit, nos aïeux

C’est en avril 1939, quelques mois seulement avant l’engagement de la France dans la seconde guerre mondiale, qu’Alexandre Barbarit, mon grand-père maternel, succède à Eugène Goineau et s’installe en tant que locataire avec sa famille dans la métairie du Bois-Hanté. Après le décès d’Hélène, sa femme, fin 1939, c’est avec ses 4 frères et l’une de ses sœurs, tous célibataires, qu’Alexandre élèvera au Bois-Hanté ses 4 enfants.

Après 3 décennies de location, son fils Joseph, mon oncle, achète finalement en 1970 la propriété et ses ~10 hectares de terre agricole pour en continuer l’exploitation avec sa soeur et ses oncles et tante après le décès d’Alexandre en 1973. Joseph exploitera la métairie jusqu’au milieu des années 90, puis cesse toute activité agricole pour prendre une retraite bien méritée.

En Janvier 2005, soit tout juste 150 ans après leur construction, nous rachetons à l’oncle Joseph l’habitation et ses dépendances pour entamer une transformation en profondeur dont la description fera l’objet d’un autre article. Et quelque temps après que nous ayons finalisé ce rachat, il nous annonce avec un brin de malice que le Bois-Hanté est  … hanté – ce que nous vous expliquons dans ce second article !

 

Sources:

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